mardi 31 octobre 2006

Ha ben, j'étais déjà en dépression en secondaire 5 on dirait...

Carla

Carla se balançait depuis ce qui semblait-être une éternité, le pendule marquait chaque temps en résonnant dans cette vieille maison abîmée par les joies, les peines et les misères qu’elle vît, un peu comme son occupante. Une autre gorgée de thé - maintenant froid - et elle se lèverait pour se rendre à la cuisine, une dernière fois peut-être, car au fond d’elle-même Carla savait qu’elle ne se lèverait pas demain matin. Elle jeta un coup d’oeil à l’horloge: 18h20. Ses mains semblaient trembler moins qu’à l’habitude, elle se sentait sereine. Elle ouvrit grand les yeux, comme pour mieux voir la vie, et se mit à rire d’un des rire franc que seul l’euphorie peut provoquer. Son rire s’accentuait en détonnant sur les vieux murs de cette maison, donnant l’impression que ses murs répondaient à cette vieille folle qui avait cessée de les entretenir depuis longtemps. Puis elle se tût, laissant accrocher à son visage un sourire de satisfaction illuminant toutes les facettes creusées par le temps dans son visage, et ses yeux, toujours aussi scintillants malgré les années. Elle se leva, jetant un coup d’oeil à la fenêtre, histoire de s’assurer que la vie continuait sa lente progression. La lumière était belle, berçant Lipetesk et la campagne Russe dans une valse inespérée. Mais Carla était maintenant ailleurs. Elle ferma les yeux, respirant l’air comme si on le lui avait enlevé, le laissant couler tel un fluide précieux sous ses côtes fragiles. Elle quitta la fenêtre pour se diriger, comme elle se l’était promise, vers la cuisine. Mais alors qu’elle n’était plus qu’à un pas de l’embrasure de la porte, elle s’arrêta net. Elle se retourna et marcha d’un pas décidé vers la remise, ouvrit la porte et se dirigea vers une caisse, la prit de ses bras faibles et la transporta vers le salon. Le poids du colis ne l’embarrassait pas, elle se manoeuvrait avec une telle détermination que rien ne lui aurait résisté. La caisse déposée sur la table, elle l’ouvrit, découvrant son contenu. Elle ne toucha a rien, ne laissant paraître que ce qui était sur le dessus. Elle contempla ce qu’elle considérait la “moisson du passé”: de vieux souvenirs... Elle sourit en voyant un foulard, se remémorant Göttingen sous la pluie battante avec Camile, son regard s’attarda aussi sur les fleurs impérissables achetées il y a quelques années lors de son retour au Canada.. Elle vit aussi une bobine de laine ayant appartenu à sa mère qui brodait dans la plaine pour que la mort ne soit pas trop longue à arriver. À cette pensée son visage se fit dur, elle referma la boîte et se leva. La réalité nous rattrape toujours, quel que soit le temps qu’on veut bien laisser passer. Cette réflexion, Carla se l’était faite maintes fois dans sa vie, mais cette fois-ci c’était la dernière. Elle savait très bien qu’aujourd’hui elle allait partir avec la culpabilité d’avoir laissé mourir sa mère, mais son orgueil ne lui permettrait pas de l’admettre. Elle se leva timidement, elle se rendit au salon, le pas chancelant, s’assied tranquillement sur les coussins du divan et soupira, pensant aux problèmes quelle emportera avec elle.
 

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