dimanche 28 janvier 2007

L'université en 25 temps

Les lueurs bleues et jaunes de phares juraient sur le fond noir. Pareils à des yeux uniques, m’observant sans gène, ces cyclopes inquisiteurs. Mes pas faisaient échos sur la Structure, amplifiés par le treillis argenté pour se perdre dans le noir qui l’entourait. Et cela amplifiait leur faim, ces charognards de l’ombre. La fuite vers le ciel m’était impossible : les étoiles étaient à Terre et m’entouraient. Pourtant, plus je m’avançais sur la Structure, plus elles semblaient le faire avec moi, ne déformant jamais le cercle dont j’étais le point central. Mais elles le feraient, hostiles présences.

La Structure semblait s’étirer à l’infini. Certes, on pouvait y discerner des changements dans les matières qui la composaient, mais elle demeurait froide et pareille à elle-même. Certaines zones semblaient être récentes, peut-être fin 80 début 90, et d’autres dataient carrément des années 50, et toutes reprenaient le même concept : métal de construction percé de trou menant sur le vide noir, ciel ouvert. Et toutes m’étaient éclairées sans amour par les phares des coyotes qui m’entouraient.

Les aveuglants projecteurs s’estompaient parfois, s’affaiblissant à se faire oublier. Moments de solitudes que j’aurais du apprécier, et pourtant… Quand le noir se rapprochait de moi, ces carnivores affamés se mettaient à me parler. Ces voix sinistres et mal intentionnées m’entouraient jusqu’à ce que je me déplace et retourne dans une autre zone de la Structure où les phares se rallumaient. Les voix s’y faisaient généralement discrète, j’arrivais alors à les déceler et ne pas les écouter outre mesure. Ce n’était cependant pas le cas quand les lampes s’éteignaient. Elles se confondaient alors avec la mienne. Tout autour de moi, en moi, elles m’envahissaient de leurs sinistres incantations, et il n’était possible de les arrêter, ces mauvais guides.

Et je retournais dans les autres zones de la Structure, m’y perdait. Mais pas longtemps. La Structure, on en avait vite fait le tour, et c’étais là que les problèmes commençaient.

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