lundi 16 avril 2007

Encore et toujours le même genre... / L'heure des décisions approche

Je me suis souvent demandé ce qu’il adviendrait de moi si, dans une tempête ou n’importe quel ouragan, l’antenne qui me rattachait au monde venait à cesser son fin jeu d’alternances entre émission et réceptions. Privé de la compagnie formelle des soldats de la Base, du savoir des encyclopédies et des divertissements fournis par le serveur, je m’imaginais facilement sombrer dans des délires schizophrènes ou je ne sais quoi. Sans communications pas de normalité; je me voyais déjà dériver, soumis sans le savoir à la main omnipotente de l’entropie…

Ces réflexions, quoi qu’angoissantes, m’amusaient. Après tout les tempêtes et les ouragans n’étaient pas monnaie courante au Nord. Aussi, jamais la moindre moisissure ne viendrait encrasser les mécanismes de rotations de l’équipement, qui plus est protégé contre les dysfonctionnements dus aux champs magnétiques. Si les aurores boréales causaient de manière anecdotique quelques très rares ralentissements, les éléments savaient s’adapter et se réorganiser en quelques instants, faisant chaque fois taire mes craintes. J’aurais du observer l’aurore.

Mes sorties se faisaient rares : les contraintes imposées par le froid – m’obligeant à revêtir l’équipement isolant – et l’Infini – duquel on a vite fait le tour – m’invitaient à me cantonner à mes chauds quartiers et laisser le champ libre aux voix paresseuses qui, dans mes draps, me cajolaient. Ma charge de travail, de plus en plus négligeable, me laissait voguer, sans trop y réfléchir, sur cet idéal hédoniste.

[… On évite maintenant le passage complètement insipide où l’antenne explose ou je ne sais plus quoi exactement …]

Quoi que silencieux depuis mon arrivée, le bunker avait revêtu, depuis l’évènement, une chape dont les échos se faisaient de plus en plus métalliques. L’appareillage gisait là dans son coin, timide et amputé de tout intérêt pragmatique. Et moi de même…

La prophétie ne se réalisa toutefois pas exactement comme je l’avais prévue. Je ne succombai pas à plus de délire paranoïaque pas plus que je ne laissai tomber ma routine – quoi que fortement amaigrie. Lentement seulement, je pris conscience de la nature immeuble de ce qui m’entourait et, pour être honnête, de l’ensemble de mes actions. Procédant par automatisme plus que par conviction je perdis contact non seulement avec la Base mais aussi avec les lieux qui m’entouraient, puis, très rapidement alors, avec mon propre corps.

S’il s’active encore dans le bunker, je l’ignore. Peut-être qu’un jour, creusant sous l’inselberg pour me retrouver, les soldats trouveront-il ce corps malade mais toujours actif, peut-être leur fera-t-il de l’esprit, les fera-t-il rigoler comme je l’aurais fait… Mais, moi, je resterai couché sur le plancher froid, à espérer, en vain, qu’un jour on m’explique ce que j’ai fait de mal. Peut-être aurais-je du me coucher dès la première aurore. 

3 commentaires:

Ian a dit...

/ Quand le modem ADSL chie et qu'on a plus Internet sauf par de distants réseaux wi-fi et que la vie devient terriblement vide au point de dépenser de l'argent toute la journée pour se désennuyer ça donne ça / L'envie de se sortir d'une situation sans en voir d'issues aucunes et l'impression terrorisante de devenir dangereusement plate et inquiétant tant pour soi que pour les autres / Comprendre encore une fois que les Autres n'ont pas à endurer les gémissements et appels à l'aide des gens déjà morts / La complainte des noyaux accumbens / Moi qui nique la mère à Shannon / Etc.

Ion a dit...

J'ai appris à vider mes entrailles sur votre plancher.

Ne vous dérangez pas pour nettoyer, elles s'envoleront en fumée.

Dormez bien

Anonyme a dit...

heu..... ok...